CULTURE
et SOCIETE YEMENITE |
LA
RELIGION :
Mohammed avait reçu vers 610 les premières révélations
et il quitta la Mecque pour Médine (Yathrib) en 622 (Hégire),
date du début de l'ère musulmane. A sa mort en 632, de nombreuses
régions étaient devenues musulmanes, mais aucune disposition
n'avait été prise en ce qui concerne sa succession.
Le Yémen se serait converti à l'Islam du vivant du Prophète
(cf Histoire).
Aujourd'hui, le Yémen comprend des musulmans Sunnites (rite
shaféite, 42%) et Chi'ites (rite zaydite et ismaëliens, 55%),
auxquels il faut ajouter une minorité juive, chrétienne et
hindoue (3% en tout). Afin de mieux comprendre l'identité religieuse
des yéménites, il convient de définir cette distinction
historique entre sunnisme et shi'iste. |
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La
distinction Sunnisme et Chiisme :
Les rivalités tribales, communautaires, régionales persistent
avec l'apparition de l'Islam mais une légitimité étayée
sur une interprétation de la loi religieuse se fait jour. Il est
apparu très vite aux musulmans que le Coran ne répondait
pas à toutes les questions qui se posaient sur le plan de l'organisation
gouvernementale ou judiciaire. Il était donc nécessaire de
trouver les compléments qui, pour n'être pas pris dans le
Coran, soient acceptables pour les musulmans. Ces compléments ont
constitué la SUNNA. Celle-ci
est formée par des hadithes (traditions, dires du Prophète).
C'est la rivalité entre Mo'awiya, fondateur de la dynastie des
Ommeyades, et Ali, cousin et gendre du Prophète, dont l'origine
se trouve dans des différents d'interprétation, qui a donné
naissance à la distinction Chi'isme / Sunnisme. L'éviction
d'Ali et de sa descendance du Califat, souvent par la violence, a provoqué
l'éclatement de la communauté musulmane.
La doctrine Chi'ite (de Chi'a : parti, donc le parti d'Ali) professe
que seuls les descendants de Fatima, fille du Prophète et de son
époux Ali, doivent être reconnus comme califes légitimes
: Ommeyyades et Abbassides ne sont que des usurpateurs. Persécutés,
les Chi'ites ont pratiqué une doctrine secrète, cachée
(batiniyya), magnifiant le personnage de Ali. De là est née
une sorte de mystique messianique qui a parfois des formes ésotériques
quand elle s'est réfugiée dans la spéculation intellectuelle
et théologique. Dans la conception chi'ite, le chef de la communauté
est un imam, guide, et non pas un calife : inspiré par Dieu, doué
d'infaillibilité, il réclame une obéissance totale
de ses fidèles.
L'Islam
yéménite :
La population est composée d'environ 55% de schi'ites de rite
zaydite (et une minorité d'ismaéliens), et de 42% de sunnites
de rite shaféite.
Donner une définition de l'Islam yéménite en quelques
mots est très difficile. On peut simplement qualifier les pratiques
et l'idéologie religieuse yéménite de tolérantes,
bien que traditionnelles. Malheureusement, l'amalgame est souvent fait
entre ces deux adjectifs et, pour beaucoup d'occidentaux, leur compromis
est impossible.
La différence entre zaydites et shaféites ne s'observe
que sur des détails cultuels, et aucune animosité n'existe
entre les deux écoles.
Mais depuis quelques années, une tendance islamiste se
développe au Yémen, surtout dans le Hadramaout, à
Mukalla et vers Aden, et ce depuis le retour des immigrés yéménites
d'Arabie Saoudite. Cette nouvelle tendance risque de destabiliser les fondements
religieux de ce pays, basés jusqu'à présent sur des
principes de tolérance.
- Le chi'isme au Yémen :
Le Chi'isme connut de nombreux "chiismes" se distinguant par le nombre
d'Imams qu'ils reconnaissent officiellement depuis Ali. Ainsi, la croyance
en l'Imam caché a donné naissance à différentes
tendances shiites dont la plus répandue, en Iran et en Irak principalement,
est celle des "duodécimains" qui reconnaissent comme imans les descendants
de Musa, fils de Dja'far al-Sadiq, le sixième imam, et cela jusqu'au
douzième imam, Mohammed al-Madhi, qui a disparu jusqu'à la
fin des temps.
La grande majorité des shiites yéménites appartiennent
à une autre secte : le Zaydisme.
Très éloignée du modèle originaire, elle est
très importante au Yémen et s'est surtout propagée
dans les Hauts Plateaux.
Le nom vient de son chef de file, Zayd Ibn Ali, arrière petit
fils de Ali. Au début du IIe siècle de l'Islam, il tenta
d'arracher le pouvoir aux Ommeyyades de Damas à Kufa (Irak). Son
fils Hasan repris, après la mort de Zayd, la lutte et la doctrine
se répandit pendant trois siècle au bord de la mer Caspienne.
Le fondateur du zaydisme au Yémen, Yahya Ibn al-Hussein, fût
invité à arbitrer les conflits tribaux au Nord-Yémen
. Il s'installa dans la région de Saada, conclut un pacte avec les
chrétiens et les juifs de Najran. Son tombeau est encore vénéré
à Saada. Les chefs de tribus lui font allégeance et se soumettent
à son arbitrage, en échange de quoi sa personne, sa famille
et sa résidence sont considérées comme sacrées
et ne sont pas entraînées dans les conflits.
Contrairement aux Duodécimains, les Zaydites ne vénèrent
pas leur Imam. Ils choisissent la personne la plus capable, du moment qu'il
soit un descendant d'Ali et Fatima, et n'hésitent pas à le
juger ou le remettre en cause.
Une seconde tendance, celle de l'Ismaelisme,
reconnaît comme imam après Dja'far, un autre de ses fils,
Isma'il : après lui, les imams sont cachés et l'on attend
le nouveau prophète, le mahdi.
Au début du Xe siècle, alors qu'une grave crise sociale
régnait dans l'Empire Abbasside, les missionnaires ismaéliens
s'opposèrent aux différents califes.
L'ismaélisme, très minoritaire au Yémen, se situe
dans la région de Manakha et ne concerne que 40 villages autour
de Al Houteip, dans le Djebel Haraz. Cette communauté est surtout
présente en Inde et au Pakistan.
- Le Sunnisme au Yémen :
Le sunnisme est représenté au Yémen par le
Shafeisme
:
le fondateur même de l'école shafi'ite, l'imam Ali Abdallah
Muhammed Ibn Idris al-Shafi'i (mort en 820), est censé s'être
rendu au Yémen. Mais le principal propagateur de ce rite au Yémen
fût al-Qasim Ibn Muhammad Ibn Abdallah al-Qirshi (mort en 1045).
Il eut de nombreux disciples et fonda une école à Sahfara,
village aujourd'hui sans importance près de Janad. Mais le centre
de rayonnement de ce rite fût Zébid.
- Différence entre Sunnites Shaféites
et Shi'ites Zaydites au Yémen :
Il y a peu, sur le plan du droit, de divisions doctrinales entre Shafi'ites
et Zaydites. Les Zaydites, dont l'appel à la prière est légèrement
plus long, s'opposent à toutes formes de cultes, ce qui explique
l'absence de tombes dans les Hauts Plateaux, alors qu'elles sont nombreuses
en pays sunnite (Tihama et Hadramaout).
Leurs différences relèvent surtout de facteurs géographiques.
La zone d'influence zaydite n'a jamais dépassé de façon
durable les Hautes Terres. Les Hautes Terres yéménites, lieu
de résistance, ont trouvé dans le Zaydisme un moyen d'affirmation
de leur identité, rien qui ne puisse être comparable avec
le Shi'isme iranien et la croyance en l'imam caché par exemple.
Traditionnellement, le Bas-Yémen (al Yaman al asfal ) regroupant
les régions de la Tihama, d'Aden et du Hadramaout (plus ouvertes
vers l'extérieur), est d'obédience Shafeites.
- L' "Islamisme" au Yémen :
Suite à la première guerre du Golfe et à la prise
de position du pays contre une intervention américaine, beaucoup
de yéménites émigrés en Arabie saoudite furent
obligés de revenir au Yémen. Ceci eut pour conséquence,
outre une baisse très importante d'entrée de devises dans
le pays, la pénétration des idées wahabites dans la
société yéménité et une radicalisation
d'une partie des musulmans sunnites issus de cette immigration forcée,
ayant côtoyés les écoles et la société
wahhabite saoudienne.
Ce sentiment extrémiste religieux se rencontre surtout dans
le Hadramaout et les régions d'Aden et Mukalla. L'Armée Islamique
d'Aden (AIA) est aujourd'hui placé sur la liste rouge des Américains.
Aujourd'hui, les autorités yéménites coopèrent
avec les autorités américaines pour combattre le terrorisme
régionale, ce-dernier servant aussi de prétexte aux américains
pour mieux justifier une présence militaire dans cette région
stratégique et géopolitiquement si convoitée que représente
le Yémen.
Mais l'armée gouvernementale, toujours appuyée par les
américains, a mis en oeuvre beaucoup de moyens pour mettre un terme
aux agissements et à l'extension de l'Armée Islamique d'Aden
ou d'autres groupuscules islamistes pro- Al Qaïda.
De part sa géographie, le Yémen reste un pays potentiellement
favorable à l'installation de groupuscules islamistes, principalement
dans l'est du pays et dans les régions frontalières de l'Arabie
Saoudite. Mais de part les mentalités et la tradition religieuse
locale plutôt tolérante, les idées wahhabites auront
du mal à s'implanter dans la société yéménite
toute entière, même si elles trouvent un écho dans
une partie de la population encore très minoritaire. Le parti islamiste
yéménite Islah (qui participe aux élections nationales)
représente bien une conception plus conservatrice, mais il est difficile
de le comparer avec les mouvements islamistes de certains pays musulmans.
Le
Judaïsme :
En 1929, il y avait 150 000 juifs au Yémen. En 1931 selon l’explorateur
Hielfritz, Sana'a comptait 48 mosquées et 39 synagogues. La présence
d'une colonie juive au Yémen est attestée dès le IIe
siècle de l'ère chretienne. Le judaïsme parvint à
son apogée entre le IVe et le VIe siècle, avec la conversion
du roi Hymiarite en 360, et ce jusqu'à Abu Nuwas en 518. Sous la
domination musulmane, les juifs jouirent parfois au Yémen d'une
grande liberté et prospérèrent même. L'un d'eux,
Shalom Hacohen, devint même ministre. |
Juifs de Saada (nord Yémen) |
Dans les années 20, une première vague d'émigration
vit près de 6000 juifs quitter le Yémen pour s'installer
dans la région de Jaffa comme ouvriers agricoles. Mais en 1949,
après que l'Imam a donné son accord au nouvel état
israëlien, les juifs yéménites gagnèrent leur
Terre Promise. Par l'opération "Tapis Volant", 41140 yéménites
s'installèrent en Israêl.
Les juifs se situaient surtout au nord du pays, sur l'axe Sana'a -
Saada. En 1992, il ne restait qu'environ 400 juifs vivant encore au Yémen,
à Saada et dans la région de Rayda , mais quittant progressivement
le pays pour Israël ou les Etats-Unis.
Le
Christianisme :
Il a complètement disparu du Yémen où il se cantonna
pendant très longtemps dans la région autour de Najran et
dans la Tihama en étroite relation avec leurs coreligionnaires d'Ethiopie,
à Ma'reb, dans le Hadramaout, mais surtout sur l'île de Socotra.
Déjà en 1539, le navigateur portugais Dom Juan de Castro,
faisant escale dans l'île, affirme que la population était
chrétienne et très pieuse. Les oraisons se faisaient en chaldéen
et l'île aurait été convertie par St Thomas.
Aujourd'hui, des journaux de tendance islamiste accusent parfois
les compagnies pétrolières et les dispensaires - qui ont
eu l'autorisation de bâtir des lieux de culte - de prosélytisme,
mais cela de façon sporadique et sans fondement réel. La
population est d'ailleurs complètement insensible à ces affirmations.
POPULATION
et TRIBUS :
De part le climat et la situation géographique du Yémen,
une population abondante, comparativement aux petites cités-Etats
de la Péninsule, et sédentaire vit depuis longtemps à
l'abri des envahisseurs potentiels, prémunie contre la soumission
à un pouvoir extérieur. Ce pays de vieille civilisation paysanne
dut, pour parvenir à nourrir sa population, développer des
techniques d'aménagement des pentes en terrasses, impressionnantes
par leur harmonie et le travail permanent qu'elles requièrent.
La montagne est le centre de gravité du pays : coeur d'un Etat
religieux dissident, elle fût jadis aussi celle du coeur de l'Etat
Himyarite qui donna son expression à l'identité yéménite.
Jusqu'à aujourd'hui encore, les yéménites tirent de
leur environnement naturel l'inspiration de l'organisation de la société,
que ce soit sur le plan social ou économique. Les boulversements
actuels mondiaux auront-ils raison de ce fragile équilibre séculaire
?
L'organisation
sociale :
Joseph Chelhod, chercheur français mort en 1995, affirmait :
"Qu’il s'agisse de sa partie septentrionale ou méridionale, le Yémen
est apparemment le seul pays de l'orient arabe dont l'organisation sociale
traditionnelle s'apparente assez étroitement au régime des
castes.". Historiquement, il existe en effet une certaine ségrégation
verticale de la société yéménite, basée
principalement la valeur symbolique de l'activité professionnelle,
(exceptés les Sayyid descendant du Prophète).
On peut distinguer les catégories sociales suivantes (de la plus
à la moins respectée) :
- les Sayyid : (descendants du Prophète).
- les représentants de la scène religieuse (ulamas).
- les Qabili (cheikhs, propriétaires terriens, fermiers).
- les revendeurs.
- les artisans.
- les anadil (cireurs publics, barbiers, bouchers, ..et infirmier)
- les akhadan (d'origine africaine).
En principe, les échanges matrimoniaux sont circonscrits aux
membres de même classe, mais un homme de loi, par exemple, peut épouser
une femme issue de la classe des Qabili.
Pendant la période imamite, les Sayyid fournissaient l'essentiel
de l'élite politique, mais la disparition de l'imamat ébranle
leur position même si le peuple continue de leur accorder une grande
vénération.
L'organisation
tribale :
Les occidentaux en mal d'exotisme associent presque toujours les tribus
au nomadisme. En ce qui concerne les tribus yéménites, cette
association est impossible.
Les tribus yéménites, bien qu'ayant adoptées les
valeurs issues du nomadisme, sont sédentaires. Ainsi, les montagnards
et paysans du Yémen sont organisés sur le modèle segmentaire.
Les agnats (mâles du groupe patriarcal) sont tous solidaires des
éventuels crimes commis par un membre de la lignée.
Aux dires des généalogistes, les arabes appartiennent
à deux souches distinctes. Ceux du nord se réclament de Adnan,
ceux du sud de Qahtan.
Aujourd'hui au Yémen, il existe deux confédérations
tribales très importantes : Bakil
et Hashed, elles même divisées en sous-tribus.
Bakil et Hashed sont les deux fils de Jusham, lui-même issu de Hamdan,
de la lignée de Kahlan, fils de Saba
Ces deux tribus, parfois alliées, s'affrontent quelquefois pour
l'obtention d'argent ou de considération. Elles occupent un territoire
allant de Sana'a à Saada au nord. La partie occidentale est hashide.
Les Bakil sont établis sur la partie orientale. Ces derniers sont
beaucoup plus nombreux mais, en raison peut-être de ce nombre, moins
bien organisés. Depuis très longtemps, un cheikh mashaykh
(cheikh des cheikhs) représente les Hashid : Abdallah Ben Hussein
al Ahmar. Il fut président du Parlement en 1992.
Chez les Bakil par contre, il existe une multitude de candidats au poste.
Le cheikh Sinan Abdu Luhum, de la tribu Nihan et candidat au poste de cheikh
des cheikhs, avait rendu le Président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir
depuis 1978, responsable de la crise. Ce dernier, issu d'une petite tribu
au sud de Sana'a appartenant à la confédération Hashed,
est donc soutenu par le cheikh al Ahmar.
Durant le récent conflit en 1994, chaque camp cherchait à
s'attacher la loyauté des tribus, fortement armées et à
l'esprit guerrier. Le parti socialiste s'alliait avec une partie des tribus
du nord Bakil, tandis que le nord jouait des vieilles rancunes tribales
contre les socialistes. Mais comme souvent dans l'histoire yéménite,
les alliances étaient rapidement dénouées et les cheikhs
très versatiles.
Comme on peut le constater, vie politique et vie tribale sont indissociable
dans la société yéménite.
Il existe d'autres confédérations tribales :
- Les Khawlan, dont une branche
se situe au nord et à l'est de Saada : les Khawlan al Sham, et l'autre
branche : les Khawlan al Tiyal vivant entre Sana'a et Ma'reb.
- La confédération de Madhhij
qui
occupe de vastes territoires au nord, au sud et à l'est de Dhamar.
- Les Zaranig, descendants des envahisseurs éthiopiens, dans
la Tihama .
On trouve aussi de très nombreuses tribus, de tailles souvent
réduites sur toutes les autres portions du territoire yéménite,
y compris au Hadramaout.
Les hommes des tribus (Qabili)
yéménite, en raison de la solidarité des valeurs du
groupe et de la nécessité de défendre le territoire
tribal contre d'envahisseurs parfois très proches désireux
de s'emparer des récoltes, ont toujours accordé une place
importante aux valeurs guerrières. Des conceptions exacerbées
de l'honneur et une certaine intransigeance sont à l'origine d'assassinats.
Habitués au maniement des armes, plus particulièrement depuis
l'avènement de la République et de la guerre civile qui s'en
suivit et au cours de laquelle égyptiens et saoudiens déversèrent
de grandes quantité d'armes modernes et de munitions, les tribus
yéménites sont de redoutables adversaires pour quiconque
doit les affronter, l'armée régulière yéménite
en témoigne régulièrement.
La Kalachnikov fait désormais partie du paysage quotidien. Il
n'est pas rare de voir sur les Hauts Plateaux du nord, des hommes portant
en bandoulière la célèbre arme.
La société tribale est régie par un droit coutumier
(le urf) qui s'oppose
parfois aussi bien à la législation républicaine en
vigueur qu'à la shari'a, que les imams oeuvrèrent à
appliquer dans tous le pays. Ce droit coutumier provient aussi bien d'emprunts
à la société du désert que d'emprunts à
la paysannerie qui pour se reproduire, doit se donner un droit propre,
capable de répondre aux exigences de la sédentarisation.
Les relations intertribales sont régies par un droit particulier,
façonné par la coutume lui aussi.
LE QAT
:
Le Qat fut introduit au Yémen au XIIIe siècle en provenance
d'Ethiopie. A partir du XIXe s, c'est l'Imam qui en encouragea la culture
afin de palier les effets négatifs de la chute des cours des prix
du café. Avec la Révolution de 1962, la consommation du Qat
- jusque là réservée aux classes sociales élevées
- s'est tellement démocratisée que certains considèrent
qu'il s'agit d'un acquis de la Révolution.
Le qat est un arbre au feuillage permanent, de la famille des célastracées.
La cathinine, son principe actif, est un alcaloïde léger, une
sorte d'amphétamine naturelle particulièrement concentrée
dans les jeunes pousses. On en dérive les effets à la fois
stimulants et narcotiques par la mastication. |
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En France, le Qat est considéré comme une drogue. Par
contre, il est en vente libre à Londres et aux Etats-Unis. Au Yémen,
il est autorisé à la fois par la législation républicaine
et la loi religieuse.Quant aux médecins, s'ils sont d'accord sur
certains effets nocifs sur la santé (anorexie ou insomnie), ils
sont moins catégoriques sur l'accoutumance et la dépendance.
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La mastication du Qat, dont l'espace réservé est le mafraj,
est un moment de première importance dans le vie quotidienne des
yéménites. Accoudés les yéménites obtiennent
par mastication des jeunes pousses de qat, une boule de feuilles : il s'agit
d'avaler la sève mais pas les feuilles. Institution sociale, politique
et professionnelle, les mafrajs sont des espaces de socialisation mais
également un lieu de construction de clientèles, d'alliances
et d'affaires. |
La demande croissante de Qat, y compris après la réunification
et son retour au sud du pays, a permis à des propriétaires
terriens d'accroître considérablement leur fortune. Elle a
également des effets importants sur l'économie yéménite
: environ 4 % des surfaces cultivées sont consacrées au Qat,
20 % dans certaines provinces. Ces surfaces ont connu un accroissement
sensible depuis le début des années 1970. Mais aucune culture
de substitution aussi rentable que le qat n'a été trouvé
pour pousser sur les terrasses des versants abruptes des Hauts Plateaux
yéménites.
Le qat représente dans certains cas une partie importante du
budget familiale yéménite, souvent au détriment des
enfants. Mais la plantation du Qat a évité au pays de connaître
un exode rural comparable aux autres pays du monde arabo-musulman. Il permet
le maintien dans des zones rurales d'une main d'oeuvre qui aurait sans
doute constituée des bataillons de désoeuvrés en périphérie
des grandes villes.
LE CAFE
Histoire
:
La plante du café est d'origine éthiopienne. Vers 1430,
le Cheikh de la confrérie Al-Chadhiliyya introduisit la plante au
Yémen et commença à le torréfier : le breuvage
devient alors la boisson favorite de cette confrérie soufie, pour
éviter le sommeil et pour faciliter l'extase pendant la prière.
En 1517, les Turcs s'installent à Moka (ils y resteront jusqu'en
1636) et adoptent la boisson qu'ils transmettent à l'Europe par
l'intermédiaire de marchands vénitiens. Les premières
boutiques de café s'ouvrent à Venise en 1550. Dès
1550, des établissements avec sofas apparaissent à Istanbul
pour déguster le café. Fin XVIe s., le pape Clément
VIII affirme apprécier le café, ce qui donne un impact médiatique
à cette nouvelle boisson, en Italie, puis en Europe.
Les Britanniques (1609 Jordain, 1610 Middleton directeur de la Compagnie
Britannique des Indes orientales) et les Hollandais, ayant fait escale
à Moka, rapportent de petites quantités de café (ces
derniers exporteront plus tard des plants vers Java et Ceylan, ce qui provoquera
la mort du commerce du café yéménite).
En 1669, l'ambassadeur ottoman Soliman Agha, envoyé à
Versailles, convie la haute société à goûter
au café. En 1695, l'italien Procope ouvre à son nom, dans
le local conservé rue de l'Ancienne Comédie à Paris,
le premier café en France. En 1715, il existe déjà
300 établissements à café dans la capitale française
; en 1750, on en dénombrera 600 !
Le café devient rapidement la boisson des intellectuels, utilisé
comme médicament, mais reste souvent mal vu. Dans les établissements,
on y préparera la Révolution de 1789, particulièrement
dans ceux du Palais Royal.
Début XVIIIe, le café supplante toutes les autres boissons
à Londres (avant d'être supplanté par le thé
imposé par la compagnie de Indes qu'elle va produire). Les cargaisons
en provenance de Moka sont importantes jusqu'en 1735, où elle atteignent
40t par an. Puis, elles chutent rapidement, en raison de la concurrence
du café Antillais et de l'île Bourbon.
Moka va ainsi se développer tout le long du XVIIIe aux dépens
d'Aden. Il existera même une Loge consulaire française : "la
loge de Mr Hauderin". Fin XVIII, Moka compte 20 000 hab., exporte 22 000
t de café annuelle, cultivé dans l'arrière pays sur
50 à 60 000 ha.
Au XIXe, Aden va relayer Moka. En 1839 quand les anglais s'y installent,
Aden ne compte que 1500 habitants. Les anglais y transferent les activités
commerciales, dont le café. En 1880, il ne restera que 800 habitants
à Moka.
Le commerce du Café entre la France et le Yémen au XVIIe:
L'importation du café en France commence dès
le XVIIe. Il est appelé alors "fèves yéménites".
Les marseillais detiennent alors le monoplole de l'importation du café
qu'ils achètent au Caire.
En 1708, des armateurs malouins commencent le commerce avec le Yémen
pour casser ce monopole, et empêcher les Hollandais de s'accaparer
le marché du café en Europe : en 1708, le "Curieux" et le
"Diligent" (Gollet de la Merveille et Lebrun de Champloret) quittent
Brest, armés et entraînés. Ils s'emparent d'un vaiseau
britannique, puis hollandais, franchissent cap de Bonne Espérance
le 7 juillet. Avec l'aide d'un flibustier anglais, atteignent Socotra en
fin novembre et Moka début janvier 1709. Sur place, ils reçoivent
l'appui des pères Recollets italiens installés à demeure,
pour échanger piastres, toiles , …, contre café. Champloret
est envoyé à Bayt el Faqih, ville de négoce du café
dans les terres de l'arrière pays yéménites.
Début août, les deux bateaux repartent chargés
de café, ils arriveront en France en mai 1710. Ce franc succès
marque le début des relations commerciales entre la France et le
Yémen.
Une seconde expédition est montée en 1711-1713, puis
d'autres en 1714, 1716, puis tous les ans, avec des bateaux de plus en
plus gros. Une Loge permanente est installée à Moka. La France
importe ainsi environ 350 tonnes de café yéménite
par an.
Mais en 1717, on implante le café dans l'île de Bourbon,
puis aux Antilles. |
Des français soignent l'Imam
:
En 1711, lors du deuxième voyage des malouins, l'Imam malade
à Mawahib réclame le chirurgien de bord français,
Barbier. Accompagné du major de la Grelandière, ils mettent
8 jours de Moka à Mawahib, et guérissent l'Imam. Cet évènement
selent ainsi de bonnes relations commerciales entre la france et le yémen.
Jean de la Roque (description Mont-Liban et Syrie) recueille leur témoignage. |
En 1719, la Compagnie des Indes essaie d'interdire l'exportation
de plants vers les Antilles, en vain. En 1736, le gouvernement royal autorisa
l'entrée de café antillais.
A partir de 1734, le café de Moka est exporté vers Pondichéry,
puis par bateaux français, retourne en France suivant un commerce
triangulaire St Malo-Pondichéry-Moka (riz, fer, toile de coton),
puis retour vers St Malo ou Lorient (café, piastres, lingots d'argent).
Les profit varient alors de 30 à 50%,
mais les français diminuent ensuite progressivement leur achat
de café yéménite au profit du café antillais
français.
LA SOCIETE
DES FEMMES :
En général, les femmes sont l'un des pôles
d'observation privilégiés par le touriste. Les hommes sont
fascinés par une vague connaissance des somptueux gynécées
des familles princières turques. Le harem nourrit un imaginaire
érotique faisant souvent obstacle à la connaissance objective.
Quant aux femmes, l'apparence de la soumission féminine dans le
monde arabo-musulman les rassure sur leur propre soumission. L'illusion
de la connaissance vulgaire... |
|
Aujourd'hui, il est bien rare qu'un homme entretienne un harem et
même qu'il ait quatre épouses légitimes en même
temps, comme la loi coranique l'y autorise.
De plus en plus nombreuses, même si ce nombre nous paraît
faible, sont les femmes qui quittent l'étage qui leur est réservé
dans les maisons pour aller travailler à l'extérieur. Les
tâches ménagères ne sont plus exclusives, surtout pour
les femmes originaires d'Aden ou appartenant à la bourgeoisie de
Sana'a. Beaucoup se retrouvent l'après-midi pour des séances
de Qat et de danses improvisées.
Le Yémen, en ce qui concerne les femmes, voilées
ou non, est exceptionnel dans le monde arabe. Malika Arwa et Malika Urwa
furent de véritables chefs d'Etat. La khotba était dite en
leur nom dans les mosquées du pays alors qu'au même moment
en Europe, les femmes n'étaient que de simples courtisanes. Aucune
autre femme arabe n'eut cet honneur, dans aucun autre pays arabe après
l'avènement de l'Islam. Asma Bint Chihab as Sulayhiya (morte en
1087) a retenu l'attention des historiens parce qu'elle assistait au Conseil
le visage découvert.
Ces deux reines portaient le titre royal : "As Sayida al Hurra" c'est
à dire la "Dame libre" ou la "noble dame libre indépendante".
La constitution du Yémen réunifié leur accorde
les mêmes droits politiques que les hommes : droit de vote et d'être
élue. Elles furent nombreuses à voter lors des élections
législatives du 27 avril 1993, plusieurs furent candidates dans
les rangs du Parti Socialiste Yéménite et du Parti Moderniste
du Congrès. Deux furent même élues membres du parlement.
Les historiens yéménites et même "l'homme de la
rue" revendiquent sans gêne le fait d'avoir eu des femmes à
la tête du pays. Peut-être la prééminence du
féminin dans les cultes et les religions anciens ou le souvenir
de la reine de Saba entretiennent-ils encore aujourd'hui un rapport aux
femmes inconnu dans les autres pays de l'ère arabo-musulman. Il
n'est pas aisé de répondre à cette question. Quoiqu'il
en soit, il convient d'être vigilant lorsque l'on aborde le statut
des femmes au Yémen. Ne pas juger pourrait être le fondement
d'une saine approche et la source d'une enrichissante réflexion.
Malheureusement, beaucoup de journalistes occidentaux ou même
de voyageurs quittent le pays comme ils y étaient arrivés
: les valises remplies de préjugés, en ayant confondu le
réel et l'apparence du réel, n'hésitant pas à
qualifier ce pays de Moyen-Age. Le statut des femmes illustre régulièrement
leur propos.
LA JAMBIA
et le CULTE des ARMES :
Autrefois réservé à l'aristocratie,
ce célèbre couteau recourbé, image symbole du Yémen,
est porté aujourd'hui par la majorité des yéménites
dans la région des Hautes Terres. Il existe deux sorte de Jambias
: l'Asid , la plus courante en forme
de J, et la Thuma, moins recourbée,
réservée à la caste des Sayyid, descendants du Prophète,
et aux qadi (juges).
Les plus chères et les plus rares d'entre elles ont un manche
en corne de rhinocéros, en ivoire, incrusté d'or et d'argent,
mais les plus simples ont un manche en plastique. |
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L'étui vert était généralement porté
par les citadins tandis que les montagnards se réservaient un étui
marron. A Sana’a, la jambia est porté au milieu, alors qu’en milieu
rural, elle est porté sur le côté. Les hommes sans
descendance tribale portent un simple couteau dans un fourreau.
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Contrairement à certaines idées préconçues,
la Jambia n'est plus une arme de défense, mais un objet à
valeur symbolique très forte, transmis de père en fils, qui
peut marquer l'appartenance tribale (Hashed et Bakil) ou l'appartenance
de classe. Ce phénomène de "marquage de corps" est presque
comparable à l'excision, la circoncision ou même à
tous ces dessins sur le corps de certains peuples africains, voire ...
à la cravate plus près de chez nous. |
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C'est une marque de distinction, de différence, qui
doit être respecté : on ne joue pas avec une Jambia.
Par conséquent, les hommes yéménites n'utilisent
la jambia que pour des fêtes sacrées, notamment la danse de
mariage (Ba'ra), mais la porte fièrement tous les jours sur eux.
Les hommes de tribus des Hauts Plateux et les bédouins principalement,
vénérent littéralement les armes, traditionnelles
ou modernes. Depuis quelques années, la kalachnikov accompagne souvent
la jambia et tout yéménite respectable se doit d’en posséder
une.
Aujourd'hui, il y aurait près de 60 millions d'armes à
feu au Yémen, soit une moyenne de plus de trois par habitant ! |
LES COSTUMES
:
Les costumes yéménites varient en fonction des régions
du Yémen et de leurs particularités climatiques.
A
Sana’a et sur les Hauts Plateaux :
Les hommes portent la Zanna,
grande tunique légère blanche descendant jusqu'au mollet,
avec une chemise moderne ou une veste de costume pour le haut.
Les femmes mariés ou célibataires aisées portent
le Sharshaf, ensemble noir originaire
de Perse, arrivé au Yémen il y a 50 ans environ, recouvert
d'une cape noire, l'Abaya. Le Sitâra,
ensemble à motifs rouges et bleus originaire de Turquie, est réservé
aux femmes plus âgées, veuves ou issues de milieux plus populaires.
La coiffe traditionnelle masculine est constituée d'un large
foulard blanc porté en turbant ou sur les épaules. Les
hommes religieux ont un modèle particulier appelé Jouge
ou
Ghadhi.
Mais avec les années, les jeunes préfèrent le "Keffieh
palestinien", fabriqué en Corée ou en Inde.
Dans les montagnes du nord du pays, les filles portent un petit bonnet
pointu d'origine juive, le Gargosh,
qu'elles garderont jusqu'à leurs fiançailles avant de se
voiler.
Sur
la Tihama et à Aden :
Le costume traditionnel est la Futa,
large morceau de tissu de couleurs vives (bleu ou noir, mauve et vert dans
le Hadramaout) couvrant les jambes et fermé à la taille.
Les femmes portent des jupes et robes très colorées et
fleuries.
A Aden, les hommes portent le Zanzibar,
chapeau cousu en forme de calotte.
A
Taëz :
Les hommes portent aussi la Futa
et le Zanzibar.
Sur le Djebel Saber, montagne dominant Taëz où les traditions
matriarcales sont très marquées, les femmes portent de grandes
robes et voiles très colorés (jaunes,orange,vert ou rouge),
des colliers et boucles d'oreilles en or et apposent souvent une fleur
dans leur coiffure. Elles appliquent sur leur visage un mélange
de curcuma et de jaunes d'oeufs, sensé les protéger du soleil
et du mauvais sort.
A Sana'a, la pratique est la même avec de l'huile de sésame.
Dans
le Hadramaout :
Les hommes porte la futa.
Chez les femmes, le voile est pailleté, le bas et le haut du voile
sont reliés entre les yeux : c'est le Burko.
Les femmes travaillant dans les champs arborent des chapeaux de paille
surélevés très particulier de l'Hadramaout : en
effet, la chaleur peut se loger ainsi dans la partie haute de la coiffe,
évitant une sudation trop importante au niveau des cheveux.
Il existe d'autres modèles de chapeaux de pailles sur la Tihama
et dans la région de Hajjah et de Shahara.
Le
voile :
Même si toutes les femmes ont les cheveux cachés, comme
le préconise le Coran, elles ne sont voilées (bas du visage)
qu'à Sana'a et dans les montagnes. Parfois tout le visage est dissimulé
sous un voile noir : le Makhmukh.
A Aden, sur la Tihama et dans le Djebel Saber, les femmes ne sont pas
voilées.
Cette "mode" du voile au Yémen a été importé
par les turcs qui voulaient protéger leurs femmes des regards des
bédouins.
POESIE,
DANSE et MUSIQUE :
La
Poésie :
La poésie est une très ancienne tradition préislamique.
Les bédouins du désert d'Arabie, bien qu'illétrés,
ont depuis des siècles un amour de la poésie, un profond
attachement à l'éloquence et au langage beau.
Avant l'Islam, la célèbre foire d'Ukaz, près de
La Mecque, réunissaient les meilleurs poètes d'Arabie,
qui rivalisaient ainsi en vers pendant près d'un mois. Les poèmes
gagnants étaient conservés et vénérés
par les riches bédouins comme de véritables trésors.
Certains poèmes, les Muallakat (littéralement "suspendus")
étaient cousus en lettres d'or et suspendus aux murs de la Kaaba
de La Mecque. Il ne nous reste aujourd'hui que sept Muallakats, datés
du VIes.
Souvent, les poètes préislamiques chantaient leurs poèmes
accompagnés de musiciens. On retrouve ainsi un héritage de
cette tradition poétique dans les chansons yéménites,
chantées et accompagnées de l'ud pendant les séances
de qat.
La
Danse et la Musique :
La musique au Yémen est très liée à la
poésie, accompagnant sous forme de méloppée les proses
amoureuses si chères aux peuples d'Arabie, notamment lors des longues
après-midi de qat où l'on invite musiciens et poètes.
Mais la musique est le complément artistique indissociable à
la danse.
Danse
de mariage : la Ba'ra (Wadi Dhar) |
Sur les hauts plateaux, on distingue deux danses traditionnelles
: la Ba'ra et la Le'ba.
La Ba'ra est une danse collective (de 3 à 20 danseurs uniquement
masculins) interprétés lors de fêtes (mariages, réceptions,
...). On peut observer régulièrement cette danse près
de Sana'a, sur le plateau de Wadi Dhar, tous les vendredis matins, pour
célébrer les mariages, ou sur les places des villages des
Hauts-Plateaux. |
La Ba'ra consiste en une ronde rythmée, où les hommes la
Jambia à la main, tournent aux rythme des percussions, simulant
parfois le combat. Chaque tribu, chaque village danse sa propre Ba'ra.
C'est aussi un signe de distinction tribal très fort.
La Le'ba est une danse plus frivole que la Ba'ra : elle se danse à
deux (mais hommes et femmes séparés), en se tenant par la
main. Il s'agit souvent plus d'un jeu que d'une danse cérémoniale.
Certains funduqs propose aux touristes de danser le soir la Le'ba (funduq
de Al Hajjarah ou Rada par exemple).
On peut noter comme principaux instruments de musique accompagnat ces
danses :
- des percussions : le sahn
(plateau métallique, tenu à la vertival), la tâsa
et marfa (timbales en terre
cuite ou cuivre, recouverte de peau de chèvre), le tabl
(tambour cylindrique).
- des instruments à vent : le mizmar
(clarinette
double en roseau).
- des instruments à cordes : l'ùd
(genre de luth, commun dans les pays du Moyen-Orient) |
Ud |
Extraits de musique yéménite
:
Raka Taruban : poème chanté
en arabe classique selon le style Sana'a, accompagné de l'ud, sur
le thème de l'amour. Le chanteur décrit la beauté
de l'être qu'il aime, symbolisé par l'oiseau.
L'ARCHITECTURE
:
Le Yémen est un pays d'un grand intérêt architectural.
La variété des matériaux utilisés suivant les
régions a fait naître des styles très différents.
Associée au génie des bâtisseurs yéménites,
cette variété a donné des constructions extraordinaires,
uniques au monde.
Il faut préciser qu'actuellement , trois villes yéménites
sont classées "Patrimoine de l'humanité" par l'UNESCO : Sana'a
, Shibam (Hadramaout) et Zébid.
Terre : Saada , Jawf
Pisé : Shibam (Hadramaout)
Pierre : Montagnes , Jiblah
Paille : Tihama
Brique : Zébid
Pierre et Brique : Sana'a
A
Sana'a, les maisons atteignent parfois 9 étages. La base
est faite de pierres basaltiques, surmontée de briques décorées
de motifs à la chaux blanche. Les fenêtres étaient
autrefois obstruées par des plaques d'albâtre opaques laissant
passer un minimum de lumière. Depuis le début du siècle,
elles sont de plus en plus remplacées par des vitraux de couleurs.
Vision féerique la nuit.
(photo ci-contre : maison de Sana'a) |
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Dans
les montagnes, ces maisons ne sont construites qu'en pierres.
Outre les prouesses des bâtisseurs, c'est souvent leur situation
à flanc de falaise qui impressionne. Prenant un minimum de place
au sol, elles offrent une plus grande surface cultivable dans des régions
où seules les cultures en terrasses sont possibles.
La position stratégique des villages sur les pitons rocheux
assuraient aussi la sécurité à leurs habitants, et
les solides constructions, un refuge idéal.
(photo ci-contre : maison de Thula) |
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Dans
le Nord (Amran et Saada), où s'étendent de grande
plaine alluviale, la terre remplace la pierre. La technique de construction
est particulière : les maisons sont construites par bandeaux de
boue superposées, légèrement en ressaut pour palier
au ruissellement : c'est le Zabur.
(photo ci-contre : maison de Saada) |
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Dans
le Jawf, on utilise là aussi la terre crue en plaçant
des linteaux de différentes couleurs autour de la porte d'entrée
et des fenêtres.
(photo ci-contre : maison du Jawf) |
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Dans
le Hadramaout, outre le Zabur, la principale technique utilisé
est le Pisé, amalgame
de boue et de paille avec une structure en bois. Shibam est le joyau de
ce style de construction, avec ses fenêtres de bois sculpté
et ses murs colorés.
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Maison de Shibam
(Hadramaout) |
Sur
la Tihama, pas de maisons-tours, l'habitation traditionnelle
est la hutte en paille et en terre (partie au nord de Zébid).
(photo ci-contre : village de la Tihama,
région de Bayt el Faqi) |
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Zébid,
sur la Tihama, fait exception. Son architecture en briques blanchies est
unique et incomparable dans le pays.
(photo ci-contre : maison de Zébid) |
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Les célèbres maisons-tours,
font la particularité des constructions yéménites.
Quelques soient les régions et les techniques utilisées,
l'intérieur de ces maisons-tours se subdivise ainsi :
- rez-de-chaussée et premier étage : animaux, fourrage,
outils
- premier niveau : espace féminin.
- second niveau : espace des hommes.
- tout en haut : le mafraj, salle des hommes et des invités.
On y mâche le qat.
Les meubles n'existent pas. Les murs sont creusés de niches
faisant office d'étagères. Des matelas et des accoudoirs
sont disposés au sol comme siège.
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