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CULTURE et SOCIETE YEMENITE
Religion Population et tribus Le Café Le Qat La société des femmes
La Jambia et le culte des armes Les Costumes  Poésie, danse et musique Extraits de musique Architecture



 
LA RELIGION : 

Mohammed avait reçu vers 610 les premières révélations et il quitta la Mecque pour Médine (Yathrib) en 622 (Hégire), date du début de l'ère musulmane. A sa mort en 632, de nombreuses régions étaient devenues musulmanes, mais aucune disposition n'avait été prise en ce qui concerne sa succession.
Le Yémen se serait converti à l'Islam du vivant du Prophète (cf Histoire).
Aujourd'hui, le Yémen comprend des musulmans Sunnites (rite shaféite, 42%) et Chi'ites (rite zaydite et ismaëliens, 55%), auxquels il faut ajouter une minorité juive, chrétienne et hindoue (3% en tout). Afin de mieux comprendre l'identité religieuse des yéménites, il convient de définir cette distinction historique entre sunnisme et shi'iste.

La distinction Sunnisme et Chiisme :
Les rivalités tribales, communautaires, régionales persistent avec l'apparition de l'Islam mais une légitimité étayée sur une interprétation de la loi religieuse se fait jour. Il est apparu très vite aux musulmans que le Coran ne répondait pas à toutes les questions qui se posaient sur le plan de l'organisation gouvernementale ou judiciaire. Il était donc nécessaire de trouver les compléments qui, pour n'être pas pris dans le Coran, soient acceptables pour les musulmans. Ces compléments ont constitué la SUNNA. Celle-ci est formée par des hadithes (traditions, dires du Prophète).
C'est la rivalité entre Mo'awiya, fondateur de la dynastie des Ommeyades, et Ali, cousin et gendre du Prophète, dont l'origine se trouve dans des différents d'interprétation, qui a donné naissance à la distinction Chi'isme / Sunnisme. L'éviction d'Ali et de sa descendance du Califat, souvent par la violence, a provoqué l'éclatement de la communauté musulmane. 
La doctrine Chi'ite (de Chi'a : parti, donc le parti d'Ali) professe que seuls les descendants de Fatima, fille du Prophète et de son époux Ali, doivent être reconnus comme califes légitimes : Ommeyyades et Abbassides ne sont que des usurpateurs. Persécutés, les Chi'ites ont pratiqué une doctrine secrète, cachée (batiniyya), magnifiant le personnage de Ali. De là est née une sorte de mystique messianique qui a parfois des formes ésotériques quand elle s'est réfugiée dans la spéculation intellectuelle et théologique. Dans la conception chi'ite, le chef de la communauté est un imam, guide, et non pas un calife : inspiré par Dieu, doué d'infaillibilité, il réclame une obéissance totale de ses fidèles.

L'Islam yéménite :
La population est composée d'environ 55% de schi'ites de rite zaydite (et une minorité d'ismaéliens), et de 42% de sunnites de rite shaféite.
Donner une définition de l'Islam yéménite en quelques mots est très difficile. On peut simplement qualifier les pratiques et l'idéologie religieuse yéménite de tolérantes, bien que traditionnelles. Malheureusement, l'amalgame est souvent fait entre ces deux adjectifs et, pour beaucoup d'occidentaux, leur compromis est impossible. 
La différence entre zaydites et shaféites ne s'observe que sur des détails cultuels, et aucune animosité n'existe entre les deux écoles. 
  Mais depuis quelques années, une tendance islamiste se développe au Yémen, surtout dans le Hadramaout, à Mukalla et vers Aden, et ce depuis le retour des immigrés yéménites d'Arabie Saoudite. Cette nouvelle tendance risque de destabiliser les fondements religieux de ce pays, basés jusqu'à présent sur des principes de tolérance.

- Le chi'isme au Yémen :
Le Chi'isme connut de nombreux "chiismes" se distinguant par le nombre d'Imams qu'ils reconnaissent officiellement depuis Ali. Ainsi, la croyance en l'Imam caché a donné naissance à différentes tendances shiites dont la plus répandue, en Iran et en Irak principalement, est celle des "duodécimains" qui reconnaissent comme imans les descendants de Musa, fils de Dja'far al-Sadiq, le sixième imam, et cela jusqu'au douzième imam, Mohammed al-Madhi, qui a disparu jusqu'à la fin des temps.
La grande majorité des shiites yéménites appartiennent à une autre secte : le Zaydisme. Très éloignée du modèle originaire, elle est très importante au Yémen et s'est surtout propagée dans les Hauts Plateaux.
Le nom vient de son chef de file, Zayd Ibn Ali, arrière petit fils de Ali. Au début du IIe siècle de l'Islam, il tenta d'arracher le pouvoir aux Ommeyyades de Damas à Kufa (Irak). Son fils Hasan repris, après la mort de Zayd, la lutte et la doctrine se répandit pendant trois siècle au bord de la mer Caspienne.
Le fondateur du zaydisme au Yémen, Yahya Ibn al-Hussein, fût invité à arbitrer les conflits tribaux au Nord-Yémen . Il s'installa dans la région de Saada, conclut un pacte avec les chrétiens et les juifs de Najran. Son tombeau est encore vénéré à Saada. Les chefs de tribus lui font allégeance et se soumettent à son arbitrage, en échange de quoi sa personne, sa famille et sa résidence sont considérées comme sacrées et ne sont pas entraînées dans les conflits.
Contrairement aux Duodécimains, les Zaydites ne vénèrent pas leur Imam. Ils choisissent la personne la plus capable, du moment qu'il soit un descendant d'Ali et Fatima, et n'hésitent pas à le juger ou le remettre en cause.

Une seconde tendance, celle de l'Ismaelisme, reconnaît comme imam après Dja'far, un autre de ses fils, Isma'il : après lui, les imams sont cachés et l'on attend le nouveau prophète, le mahdi.
Au début du Xe siècle, alors qu'une grave crise sociale régnait dans l'Empire Abbasside, les missionnaires ismaéliens s'opposèrent aux différents califes.
L'ismaélisme, très minoritaire au Yémen, se situe dans la région de Manakha et ne concerne que 40 villages autour de Al Houteip, dans le Djebel Haraz. Cette communauté est surtout présente en Inde et au Pakistan.

- Le Sunnisme au Yémen :
Le sunnisme est représenté au Yémen par le Shafeisme : le fondateur même de l'école shafi'ite, l'imam Ali Abdallah Muhammed Ibn Idris al-Shafi'i (mort en 820), est censé s'être rendu au Yémen. Mais le principal propagateur de ce rite au Yémen fût al-Qasim Ibn Muhammad Ibn Abdallah al-Qirshi (mort en 1045). Il eut de nombreux disciples et fonda une école à Sahfara, village aujourd'hui sans importance près de Janad. Mais le centre de rayonnement de ce rite fût Zébid.

- Différence entre Sunnites Shaféites et Shi'ites Zaydites au Yémen :
Il y a peu, sur le plan du droit, de divisions doctrinales entre Shafi'ites et Zaydites. Les Zaydites, dont l'appel à la prière est légèrement plus long, s'opposent à toutes formes de cultes, ce qui explique l'absence de tombes dans les Hauts Plateaux, alors qu'elles sont nombreuses en pays sunnite (Tihama et Hadramaout).
Leurs différences relèvent surtout de facteurs géographiques. La zone d'influence zaydite n'a jamais dépassé de façon durable les Hautes Terres. Les Hautes Terres yéménites, lieu de résistance, ont trouvé dans le Zaydisme un moyen d'affirmation de leur identité, rien qui ne puisse être comparable avec le Shi'isme iranien et la croyance en l'imam caché par exemple.
Traditionnellement, le Bas-Yémen (al Yaman al asfal ) regroupant les régions de la Tihama, d'Aden et du Hadramaout (plus ouvertes vers l'extérieur), est d'obédience Shafeites.

- L' "Islamisme" au Yémen :
Suite à la première guerre du Golfe et à la prise de position du pays contre une intervention américaine, beaucoup de yéménites émigrés en Arabie saoudite furent obligés de revenir au Yémen. Ceci eut pour conséquence, outre une baisse très importante d'entrée de devises dans le pays, la pénétration des idées wahabites dans la société yéménité et une radicalisation d'une partie des musulmans sunnites issus de cette immigration forcée, ayant côtoyés les écoles et la société wahhabite saoudienne.
Ce sentiment extrémiste religieux se rencontre surtout dans le Hadramaout et les régions d'Aden et Mukalla. L'Armée Islamique d'Aden (AIA) est aujourd'hui placé sur la liste rouge des Américains.

Aujourd'hui, les autorités yéménites coopèrent avec les autorités américaines pour combattre le terrorisme régionale, ce-dernier servant aussi de prétexte aux américains pour mieux justifier une présence militaire dans cette région stratégique et géopolitiquement si convoitée que représente le Yémen.
Mais l'armée gouvernementale, toujours appuyée par les américains, a mis en oeuvre beaucoup de moyens pour mettre un terme aux agissements et à l'extension de l'Armée Islamique d'Aden ou d'autres groupuscules islamistes pro- Al Qaïda.

De part sa géographie, le Yémen reste un pays potentiellement favorable à l'installation de groupuscules islamistes, principalement dans l'est du pays et dans les régions frontalières de l'Arabie Saoudite. Mais de part les mentalités et la tradition religieuse locale plutôt tolérante, les idées wahhabites auront du mal à s'implanter dans la société yéménite toute entière, même si elles trouvent un écho dans une partie de la population encore très minoritaire. Le parti islamiste yéménite Islah (qui participe aux élections nationales) représente bien une conception plus conservatrice, mais il est difficile de le comparer avec les mouvements islamistes de certains pays musulmans.

Le Judaïsme :
En 1929, il y avait 150 000 juifs au Yémen. En 1931 selon l’explorateur Hielfritz, Sana'a comptait 48 mosquées et 39 synagogues. La présence d'une colonie juive au Yémen est attestée dès le IIe siècle de l'ère chretienne. Le judaïsme parvint à son apogée entre le IVe et le VIe siècle, avec la conversion du roi Hymiarite en 360, et ce jusqu'à Abu Nuwas en 518. Sous la domination musulmane, les juifs jouirent parfois au Yémen d'une grande liberté et prospérèrent même. L'un d'eux, Shalom Hacohen, devint même ministre.
Juifs de Saada (nord Yémen)
Dans les années 20, une première vague d'émigration vit près de 6000 juifs quitter le Yémen pour s'installer dans la région de Jaffa comme ouvriers agricoles. Mais en 1949, après que l'Imam a donné son accord au nouvel état israëlien, les juifs yéménites gagnèrent leur Terre Promise. Par l'opération "Tapis Volant", 41140 yéménites s'installèrent en Israêl.
Les juifs se situaient surtout au nord du pays, sur l'axe Sana'a - Saada. En 1992, il ne restait qu'environ 400 juifs vivant encore au Yémen, à Saada et dans la région de Rayda , mais quittant progressivement le pays pour Israël ou les Etats-Unis.

Le Christianisme :
Il a complètement disparu du Yémen où il se cantonna pendant très longtemps dans la région autour de Najran et dans la Tihama en étroite relation avec leurs coreligionnaires d'Ethiopie, à Ma'reb, dans le Hadramaout, mais surtout sur l'île de Socotra. Déjà en 1539, le navigateur portugais Dom Juan de Castro, faisant escale dans l'île, affirme que la population était chrétienne et très pieuse. Les oraisons se faisaient en chaldéen et l'île aurait été convertie par St Thomas.
 Aujourd'hui, des journaux de tendance islamiste accusent parfois les compagnies pétrolières et les dispensaires - qui ont eu l'autorisation de bâtir des lieux de culte - de prosélytisme, mais cela de façon sporadique et sans fondement réel. La population est d'ailleurs complètement insensible à ces affirmations.




POPULATION et TRIBUS :
De part le climat et la situation géographique du Yémen, une population abondante, comparativement aux petites cités-Etats de la Péninsule, et sédentaire vit depuis longtemps à l'abri des envahisseurs potentiels, prémunie contre la soumission à un pouvoir extérieur. Ce pays de vieille civilisation paysanne dut, pour parvenir à nourrir sa population, développer des techniques d'aménagement des pentes en terrasses, impressionnantes par leur harmonie et le travail permanent qu'elles requièrent.

La montagne est le centre de gravité du pays : coeur d'un Etat religieux dissident, elle fût jadis aussi celle du coeur de l'Etat Himyarite qui donna son expression à l'identité yéménite. Jusqu'à aujourd'hui encore, les yéménites tirent de leur environnement naturel l'inspiration de l'organisation de la société, que ce soit sur le plan social ou économique. Les boulversements actuels mondiaux auront-ils raison de ce fragile équilibre séculaire ?

L'organisation sociale :
Joseph Chelhod, chercheur français mort en 1995, affirmait : "Qu’il s'agisse de sa partie septentrionale ou méridionale, le Yémen est apparemment le seul pays de l'orient arabe dont l'organisation sociale traditionnelle s'apparente assez étroitement au régime des castes.". Historiquement, il existe en effet une certaine ségrégation verticale de la société yéménite, basée principalement la valeur symbolique de l'activité professionnelle, (exceptés les Sayyid descendant du Prophète).

On peut distinguer les catégories sociales suivantes (de la plus à la moins respectée) :
- les Sayyid : (descendants du Prophète).
- les représentants de la scène religieuse (ulamas).
- les Qabili (cheikhs, propriétaires terriens, fermiers).
- les revendeurs.
- les artisans.
- les anadil (cireurs publics, barbiers, bouchers, ..et infirmier)
- les akhadan (d'origine africaine).

En principe, les échanges matrimoniaux sont circonscrits aux membres de même classe, mais un homme de loi, par exemple, peut épouser une femme issue de la classe des Qabili.

Pendant la période imamite, les Sayyid fournissaient l'essentiel de l'élite politique, mais la disparition de l'imamat ébranle leur position même si le peuple continue de leur accorder une grande vénération.

L'organisation tribale :
Les occidentaux en mal d'exotisme associent presque toujours les tribus au nomadisme. En ce qui concerne les tribus yéménites, cette association est impossible.
Les tribus yéménites, bien qu'ayant adoptées les valeurs issues du nomadisme, sont sédentaires. Ainsi, les montagnards et paysans du Yémen sont organisés sur le modèle segmentaire. Les agnats (mâles du groupe patriarcal) sont tous solidaires des éventuels crimes commis par un membre de la lignée.
Aux dires des généalogistes, les arabes appartiennent à deux souches distinctes. Ceux du nord se réclament de Adnan, ceux du sud de Qahtan. 
Aujourd'hui au Yémen, il existe deux confédérations tribales très importantes : Bakil et Hashed, elles même divisées en sous-tribus. Bakil et Hashed sont les deux fils de Jusham, lui-même issu de Hamdan, de la lignée de Kahlan, fils de Saba

Ces deux tribus, parfois alliées, s'affrontent quelquefois pour l'obtention d'argent ou de considération. Elles occupent un territoire allant de Sana'a à Saada au nord. La partie occidentale est hashide. Les Bakil sont établis sur la partie orientale. Ces derniers sont beaucoup plus nombreux mais, en raison peut-être de ce nombre, moins bien organisés. Depuis très longtemps, un cheikh mashaykh (cheikh des cheikhs) représente les Hashid : Abdallah Ben Hussein al Ahmar. Il fut président du Parlement en 1992.

Chez les Bakil par contre, il existe une multitude de candidats au poste. Le cheikh Sinan Abdu Luhum, de la tribu Nihan et candidat au poste de cheikh des cheikhs, avait rendu le Président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978, responsable de la crise. Ce dernier, issu d'une petite tribu au sud de Sana'a appartenant à la confédération Hashed, est donc soutenu par le cheikh al Ahmar.

Durant le récent conflit en 1994, chaque camp cherchait à s'attacher la loyauté des tribus, fortement armées et à l'esprit guerrier. Le parti socialiste s'alliait avec une partie des tribus du nord Bakil, tandis que le nord jouait des vieilles rancunes tribales contre les socialistes. Mais comme souvent dans l'histoire yéménite, les alliances étaient rapidement dénouées et les cheikhs très versatiles.

Comme on peut le constater, vie politique et vie tribale sont indissociable dans la société yéménite.

Il existe d'autres confédérations tribales :
- Les Khawlan, dont une branche se situe au nord et à l'est de Saada : les Khawlan al Sham, et l'autre branche : les Khawlan al Tiyal vivant entre Sana'a et Ma'reb.
- La confédération de Madhhij qui occupe de vastes territoires au nord, au sud et à l'est de Dhamar.
- Les Zaranig, descendants des envahisseurs éthiopiens, dans la Tihama .

On trouve aussi de très nombreuses tribus, de tailles souvent réduites sur toutes les autres portions du territoire yéménite, y compris au Hadramaout.

Les hommes des tribus (Qabili) yéménite, en raison de la solidarité des valeurs du groupe et de la nécessité de défendre le territoire tribal contre d'envahisseurs parfois très proches désireux de s'emparer des récoltes, ont toujours accordé une place importante aux valeurs guerrières. Des conceptions exacerbées de l'honneur et une certaine intransigeance sont à l'origine d'assassinats. Habitués au maniement des armes, plus particulièrement depuis l'avènement de la République et de la guerre civile qui s'en suivit et au cours de laquelle égyptiens et saoudiens déversèrent de grandes quantité d'armes modernes et de munitions, les tribus yéménites sont de redoutables adversaires pour quiconque doit les affronter, l'armée régulière yéménite en témoigne régulièrement.
La Kalachnikov fait désormais partie du paysage quotidien. Il n'est pas rare de voir sur les Hauts Plateaux du nord, des hommes portant en bandoulière la célèbre arme.

La société tribale est régie par un droit coutumier (le urf) qui s'oppose parfois aussi bien à la législation républicaine en vigueur qu'à la shari'a, que les imams oeuvrèrent à appliquer dans tous le pays. Ce droit coutumier provient aussi bien d'emprunts à la société du désert que d'emprunts à la paysannerie qui pour se reproduire, doit se donner un droit propre, capable de répondre aux exigences de la sédentarisation. Les relations intertribales sont régies par un droit particulier, façonné par la coutume lui aussi.




LE QAT :

Le Qat fut introduit au Yémen au XIIIe siècle en provenance d'Ethiopie. A partir du XIXe s, c'est l'Imam qui en encouragea la culture afin de palier les effets négatifs de la chute des cours des prix du café. Avec la Révolution de 1962, la consommation du Qat - jusque là réservée aux classes sociales élevées - s'est tellement démocratisée que certains considèrent qu'il s'agit d'un acquis de la Révolution.
Le qat est un arbre au feuillage permanent, de la famille des célastracées. La cathinine, son principe actif, est un alcaloïde léger, une sorte d'amphétamine naturelle particulièrement concentrée dans les jeunes pousses. On en dérive les effets à la fois stimulants et narcotiques par la mastication.
 En France, le Qat est considéré comme une drogue. Par contre, il est en vente libre à Londres et aux Etats-Unis. Au Yémen, il est autorisé à la fois par la législation républicaine et la loi religieuse.Quant aux médecins, s'ils sont d'accord sur certains effets nocifs sur la santé (anorexie ou insomnie), ils sont moins catégoriques sur l'accoutumance et la dépendance.
La mastication du Qat, dont l'espace réservé est le mafraj, est un moment de première importance dans le vie quotidienne des yéménites. Accoudés les yéménites obtiennent par mastication des jeunes pousses de qat, une boule de feuilles : il s'agit d'avaler la sève mais pas les feuilles. Institution sociale, politique et professionnelle, les mafrajs sont des espaces de socialisation mais également un lieu de construction de clientèles, d'alliances et d'affaires.
La demande croissante de Qat, y compris après la réunification et son retour au sud du pays, a permis à des propriétaires terriens d'accroître considérablement leur fortune. Elle a également des effets importants sur l'économie yéménite : environ 4 % des surfaces cultivées sont consacrées au Qat, 20 % dans certaines provinces. Ces surfaces ont connu un accroissement sensible depuis le début des années 1970. Mais aucune culture de substitution aussi rentable que le qat n'a été trouvé pour pousser sur les terrasses des versants abruptes des Hauts Plateaux yéménites.
Le qat représente dans certains cas une partie importante du budget familiale yéménite, souvent au détriment des enfants. Mais la plantation du Qat a évité au pays de connaître un exode rural comparable aux autres pays du monde arabo-musulman. Il permet le maintien dans des zones rurales d'une main d'oeuvre qui aurait sans doute constituée des bataillons de désoeuvrés en périphérie des grandes villes.




LE CAFE

Histoire :
La plante du café est d'origine éthiopienne. Vers 1430, le Cheikh de la confrérie Al-Chadhiliyya introduisit la plante au Yémen et commença à le torréfier : le breuvage devient alors la boisson favorite de cette confrérie soufie, pour éviter le sommeil et pour faciliter l'extase pendant la prière.
En 1517, les Turcs s'installent à Moka (ils y resteront jusqu'en 1636) et adoptent la boisson qu'ils transmettent à l'Europe par l'intermédiaire de marchands vénitiens. Les premières boutiques de café s'ouvrent à Venise en 1550. Dès 1550, des établissements avec sofas apparaissent à Istanbul pour déguster le café. Fin XVIe s., le pape Clément VIII affirme apprécier le café, ce qui donne un impact médiatique à cette nouvelle boisson, en Italie, puis en Europe.
Les Britanniques (1609 Jordain, 1610 Middleton directeur de la Compagnie Britannique des Indes orientales) et les Hollandais, ayant fait escale à Moka, rapportent de petites quantités de café (ces derniers exporteront plus tard des plants vers Java et Ceylan, ce qui provoquera la mort du commerce du café yéménite).
En 1669, l'ambassadeur ottoman Soliman Agha, envoyé à Versailles, convie la haute société à goûter au café. En 1695, l'italien Procope ouvre à son nom, dans le local conservé rue de l'Ancienne Comédie à Paris, le premier café en France. En 1715, il existe déjà 300 établissements à café dans la capitale française ; en 1750, on en dénombrera 600 !
Le café devient rapidement la boisson des intellectuels, utilisé comme médicament, mais reste souvent mal vu. Dans les établissements, on y préparera la Révolution de 1789, particulièrement dans ceux du Palais Royal.
Début XVIIIe, le café supplante toutes les autres boissons à Londres (avant d'être supplanté par le thé imposé par la compagnie de Indes qu'elle va produire). Les cargaisons en provenance de Moka sont importantes jusqu'en 1735, où elle atteignent 40t par an. Puis, elles chutent rapidement, en raison de la concurrence du café Antillais et de l'île Bourbon.
Moka va ainsi se développer tout le long du XVIIIe aux dépens d'Aden. Il existera même une Loge consulaire française : "la loge de Mr Hauderin". Fin XVIII, Moka compte 20 000 hab., exporte 22 000 t de café annuelle, cultivé dans l'arrière pays sur 50 à 60 000 ha.
Au XIXe, Aden va relayer Moka. En 1839 quand les anglais s'y installent, Aden ne compte que 1500 habitants. Les anglais y transferent les activités commerciales, dont le café. En 1880, il ne restera que 800 habitants à Moka.

Le commerce du Café entre la France et le Yémen au XVIIe:
   L'importation du café en France commence dès le XVIIe. Il est appelé alors "fèves yéménites". Les marseillais detiennent alors le monoplole de l'importation du café qu'ils achètent au Caire.
En 1708, des armateurs malouins commencent le commerce avec le Yémen pour casser ce monopole, et empêcher les Hollandais de s'accaparer le marché du café en Europe : en 1708, le "Curieux" et le "Diligent"  (Gollet de la Merveille et Lebrun de Champloret) quittent Brest, armés et entraînés. Ils s'emparent d'un vaiseau britannique, puis hollandais, franchissent cap de Bonne Espérance le 7 juillet. Avec l'aide d'un flibustier anglais, atteignent Socotra en fin novembre et Moka début janvier 1709. Sur place, ils reçoivent l'appui des pères Recollets italiens installés à demeure, pour échanger piastres, toiles , …, contre café. Champloret est envoyé à Bayt el Faqih, ville de négoce du café dans les terres de l'arrière pays yéménites.
Début août, les deux bateaux repartent chargés de café, ils arriveront en France en mai 1710. Ce franc succès marque le début des relations commerciales entre la France et le Yémen.
Une seconde expédition est montée en 1711-1713, puis d'autres en 1714, 1716, puis tous les ans, avec des bateaux de plus en plus gros. Une Loge permanente est installée à Moka. La France importe ainsi environ 350 tonnes de café yéménite par an. 
Mais en 1717, on implante le café dans l'île de Bourbon, puis aux Antilles.
Des français soignent l'Imam :

En 1711, lors du deuxième voyage des malouins, l'Imam malade à Mawahib réclame le chirurgien de bord français, Barbier. Accompagné du major de la Grelandière, ils mettent 8 jours de Moka à Mawahib, et guérissent l'Imam. Cet évènement selent ainsi de bonnes relations commerciales entre la france et le yémen. Jean de la Roque (description Mont-Liban et Syrie) recueille leur témoignage.

 En 1719, la Compagnie des Indes essaie d'interdire l'exportation de plants vers les Antilles, en vain. En 1736, le gouvernement royal autorisa l'entrée de café antillais. 
A partir de 1734, le café de Moka est exporté vers Pondichéry, puis par bateaux français, retourne en France suivant un commerce triangulaire St Malo-Pondichéry-Moka (riz, fer, toile de coton), puis retour vers St Malo ou Lorient (café, piastres, lingots d'argent). Les profit varient alors de 30 à 50%,
mais les français diminuent ensuite progressivement leur achat de café yéménite au profit du café antillais français.



LA SOCIETE DES FEMMES  :
 
En général, les femmes sont l'un des pôles d'observation privilégiés par le touriste. Les hommes sont fascinés par une vague connaissance des somptueux gynécées des familles princières turques. Le harem nourrit un imaginaire érotique faisant souvent obstacle à la connaissance objective. Quant aux femmes, l'apparence de la soumission féminine dans le monde arabo-musulman les rassure sur leur propre soumission. L'illusion de la connaissance vulgaire...
 Aujourd'hui, il est bien rare qu'un homme entretienne un harem et même qu'il ait quatre épouses légitimes en même temps, comme la loi coranique l'y autorise.
De plus en plus nombreuses, même si ce nombre nous paraît faible, sont les femmes qui quittent l'étage qui leur est réservé dans les maisons pour aller travailler à l'extérieur. Les tâches ménagères ne sont plus exclusives, surtout pour les femmes originaires d'Aden ou appartenant à la bourgeoisie de Sana'a. Beaucoup se retrouvent l'après-midi pour des séances de Qat et de danses improvisées.

   Le Yémen, en ce qui concerne les femmes, voilées ou non, est exceptionnel dans le monde arabe. Malika Arwa et Malika Urwa furent de véritables chefs d'Etat. La khotba était dite en leur nom dans les mosquées du pays alors qu'au même moment en Europe, les femmes n'étaient que de simples courtisanes. Aucune autre femme arabe n'eut cet honneur, dans aucun autre pays arabe après l'avènement de l'Islam. Asma Bint Chihab as Sulayhiya (morte en 1087) a retenu l'attention des historiens parce qu'elle assistait au Conseil le visage découvert.
Ces deux reines portaient le titre royal : "As Sayida al Hurra" c'est à dire la "Dame libre" ou la "noble dame libre indépendante".

La constitution du Yémen réunifié leur accorde les mêmes droits politiques que les hommes : droit de vote et d'être élue. Elles furent nombreuses à voter lors des élections législatives du 27 avril 1993, plusieurs furent candidates dans les rangs du Parti Socialiste Yéménite et du Parti Moderniste du Congrès. Deux furent même élues membres du parlement.

Les historiens yéménites et même "l'homme de la rue" revendiquent sans gêne le fait d'avoir eu des femmes à la tête du pays. Peut-être la prééminence du féminin dans les cultes et les religions anciens ou le souvenir de la reine de Saba entretiennent-ils encore aujourd'hui un rapport aux femmes inconnu dans les autres pays de l'ère arabo-musulman. Il n'est pas aisé de répondre à cette question. Quoiqu'il en soit, il convient d'être vigilant lorsque l'on aborde le statut des femmes au Yémen. Ne pas juger pourrait être le fondement d'une saine approche et la source d'une enrichissante réflexion.
Malheureusement, beaucoup de journalistes occidentaux ou même de voyageurs quittent le pays comme ils y étaient arrivés : les valises remplies de préjugés, en ayant confondu le réel et l'apparence du réel, n'hésitant pas à qualifier ce pays de Moyen-Age. Le statut des femmes illustre régulièrement leur propos.



LA JAMBIA et le CULTE des ARMES :
 
Autrefois réservé à l'aristocratie, ce célèbre couteau recourbé, image symbole du Yémen, est porté aujourd'hui par la majorité des yéménites dans la région des Hautes Terres. Il existe deux sorte de Jambias : l'Asid , la plus courante en forme de J, et la Thuma, moins recourbée, réservée à la caste des Sayyid, descendants du Prophète, et aux qadi (juges).
Les plus chères et les plus rares d'entre elles ont un manche en corne de rhinocéros, en ivoire, incrusté d'or et d'argent, mais les plus simples ont un manche en plastique.
L'étui vert était généralement porté par les citadins tandis que les montagnards se réservaient un étui marron. A Sana’a, la jambia est porté au milieu, alors qu’en milieu rural, elle est porté sur le côté. Les hommes sans descendance tribale portent un simple couteau dans un fourreau.
Contrairement à certaines idées préconçues, la Jambia n'est plus une arme de défense, mais un objet à valeur symbolique très forte, transmis de père en fils, qui peut marquer l'appartenance tribale (Hashed et Bakil) ou l'appartenance de classe. Ce phénomène de "marquage de corps" est presque comparable à l'excision, la circoncision ou même à tous ces dessins sur le corps de certains peuples africains, voire ... à la cravate plus près de chez nous.
C'est une marque de distinction, de différence, qui doit être respecté : on ne joue pas avec une Jambia.
Par conséquent, les hommes yéménites n'utilisent la jambia que pour des fêtes sacrées, notamment la danse de mariage (Ba'ra), mais la porte fièrement tous les jours sur eux.
Les hommes de tribus des Hauts Plateux et les bédouins principalement, vénérent littéralement les armes, traditionnelles ou modernes. Depuis quelques années, la kalachnikov accompagne souvent la jambia et tout yéménite respectable se doit d’en posséder une.
Aujourd'hui, il y aurait près de 60 millions d'armes à feu au Yémen, soit une moyenne de plus de trois par habitant !




LES COSTUMES :

Les costumes yéménites varient en fonction des régions du Yémen et de leurs particularités climatiques.

A Sana’a et sur les Hauts Plateaux :
   Les hommes portent la Zanna, grande tunique légère blanche descendant jusqu'au mollet, avec une chemise moderne ou une veste de costume pour le haut.
Les femmes mariés ou célibataires aisées portent le Sharshaf, ensemble noir originaire de Perse, arrivé au Yémen il y a 50 ans environ, recouvert d'une cape noire, l'Abaya. Le Sitâra, ensemble à motifs rouges et bleus originaire de Turquie, est réservé aux femmes plus âgées, veuves ou issues de milieux plus populaires.
La coiffe traditionnelle masculine est constituée d'un large foulard blanc porté en turbant ou sur les épaules. Les hommes religieux ont un modèle particulier appelé Jouge ou Ghadhi. Mais avec les années, les jeunes préfèrent le "Keffieh palestinien", fabriqué en Corée ou en Inde.
Dans les montagnes du nord du pays, les filles portent un petit bonnet pointu d'origine juive, le Gargosh, qu'elles garderont jusqu'à leurs fiançailles avant de se voiler.

Sur la Tihama et à Aden :
   Le costume traditionnel est la Futa, large morceau de tissu de couleurs vives (bleu ou noir, mauve et vert dans le Hadramaout) couvrant les jambes et fermé à la taille.
Les femmes portent des jupes et robes très colorées et fleuries.
A Aden, les hommes portent le Zanzibar, chapeau cousu en forme de calotte.

A Taëz :
   Les hommes portent aussi la Futa et le Zanzibar.
Sur le Djebel Saber, montagne dominant Taëz où les traditions matriarcales sont très marquées, les femmes portent de grandes robes et voiles très colorés (jaunes,orange,vert ou rouge), des colliers et boucles d'oreilles en or et apposent souvent une fleur dans leur coiffure. Elles appliquent sur leur visage un mélange de curcuma et de jaunes d'oeufs, sensé les protéger du soleil et du mauvais sort.
A Sana'a, la pratique est la même avec de l'huile de sésame.

Dans le Hadramaout :
   Les hommes porte la futa. Chez les femmes, le voile est pailleté, le bas et le haut du voile sont reliés entre les yeux : c'est le Burko. Les femmes travaillant dans les champs arborent des chapeaux de paille surélevés très particulier de l'Hadramaout : en effet, la chaleur peut se loger ainsi dans la partie haute de la coiffe, évitant une sudation trop importante au niveau des cheveux.
Il existe d'autres modèles de chapeaux de pailles sur la Tihama et dans la région de Hajjah et de Shahara.

Le voile :
Même si toutes les femmes ont les cheveux cachés, comme le préconise le Coran, elles ne sont voilées (bas du visage) qu'à Sana'a et dans les montagnes. Parfois tout le visage est dissimulé sous un voile noir : le Makhmukh.
A Aden, sur la Tihama et dans le Djebel Saber, les femmes ne sont pas voilées.
Cette "mode" du voile au Yémen a été importé par les turcs qui voulaient protéger leurs femmes des regards des bédouins.



POESIE, DANSE et MUSIQUE  :

La Poésie :
La poésie est une très ancienne tradition préislamique. Les bédouins du désert d'Arabie, bien qu'illétrés, ont depuis des siècles un amour de la poésie, un profond attachement à l'éloquence et au langage beau.
Avant l'Islam, la célèbre foire d'Ukaz, près de La Mecque, réunissaient  les meilleurs poètes d'Arabie, qui rivalisaient ainsi en vers pendant près d'un mois. Les poèmes gagnants étaient conservés et vénérés par les riches bédouins comme de véritables trésors.
Certains poèmes, les Muallakat (littéralement "suspendus") étaient cousus en lettres d'or et suspendus aux murs de la Kaaba de La Mecque. Il ne nous reste aujourd'hui que sept Muallakats, datés du VIes.
Souvent, les poètes préislamiques chantaient leurs poèmes accompagnés de musiciens. On retrouve ainsi un héritage de cette tradition poétique dans les chansons yéménites, chantées et accompagnées de l'ud pendant les séances de qat.

La Danse et la Musique :
La musique au Yémen est très liée à la poésie, accompagnant sous forme de méloppée les proses amoureuses si chères aux peuples d'Arabie, notamment lors des longues après-midi de qat où l'on invite musiciens et poètes. Mais la musique est le complément artistique indissociable à la danse.

           Danse de mariage : la Ba'ra (Wadi Dhar)
Sur les hauts plateaux, on distingue deux danses traditionnelles : la Ba'ra et la Le'ba.
La Ba'ra est une danse collective (de 3 à 20 danseurs uniquement masculins) interprétés lors de fêtes (mariages, réceptions, ...). On peut observer régulièrement cette danse près de Sana'a, sur le plateau de Wadi Dhar, tous les vendredis matins, pour célébrer les mariages, ou sur les places des villages des Hauts-Plateaux. 
La Ba'ra consiste en une ronde rythmée, où les hommes la Jambia à la main, tournent aux rythme des percussions, simulant parfois le combat. Chaque tribu, chaque village danse sa propre Ba'ra. C'est aussi un signe de distinction tribal très fort.
La Le'ba est une danse plus frivole que la Ba'ra : elle se danse à deux (mais hommes et femmes séparés), en se tenant par la main. Il s'agit souvent plus d'un jeu que d'une danse cérémoniale. Certains funduqs propose aux touristes de danser le soir la Le'ba (funduq de Al Hajjarah ou Rada par exemple).
On peut noter comme principaux instruments de musique accompagnat ces danses :
   - des percussions : le sahn (plateau métallique, tenu à la vertival), la tâsa et marfa (timbales en terre cuite ou cuivre, recouverte de peau de chèvre), le tabl (tambour cylindrique).
   - des instruments à vent : le mizmar (clarinette double en roseau).
   - des instruments à cordes : l'ùd (genre de luth, commun dans les pays du Moyen-Orient)

                                Ud 

Extraits de musique yéménite :

Raka Taruban : poème chanté en arabe classique selon le style Sana'a, accompagné de l'ud, sur le thème de l'amour. Le chanteur décrit la beauté de l'être qu'il aime, symbolisé par l'oiseau.
 
 




L'ARCHITECTURE :

Le Yémen est un pays d'un grand intérêt architectural. La variété des matériaux utilisés suivant les régions a fait naître des styles très différents. Associée au génie des bâtisseurs yéménites, cette variété a donné des constructions extraordinaires, uniques au monde.
Il faut préciser qu'actuellement , trois villes yéménites sont classées "Patrimoine de l'humanité" par l'UNESCO : Sana'a , Shibam (Hadramaout) et Zébid.

Terre : Saada , Jawf
Pisé : Shibam (Hadramaout)
Pierre : Montagnes , Jiblah
Paille : Tihama
Brique : Zébid
Pierre et Brique : Sana'a
A Sana'a, les maisons atteignent parfois 9 étages. La base est faite de pierres basaltiques, surmontée de briques décorées de motifs à la chaux blanche. Les fenêtres étaient autrefois obstruées par des plaques d'albâtre opaques laissant passer un minimum de lumière. Depuis le début du siècle, elles sont de plus en plus remplacées par des vitraux de couleurs. Vision féerique la nuit.
(photo ci-contre : maison de Sana'a)
Dans les montagnes, ces maisons ne sont construites qu'en pierres. Outre les prouesses des bâtisseurs, c'est souvent leur situation à flanc de falaise qui impressionne. Prenant un minimum de place au sol, elles offrent une plus grande surface cultivable dans des régions où seules les cultures en terrasses sont possibles.
La position stratégique des villages sur les pitons rocheux assuraient aussi la sécurité à leurs habitants, et les solides constructions, un refuge idéal.
(photo ci-contre : maison de Thula)
Dans le Nord (Amran et Saada), où s'étendent de grande plaine alluviale, la terre remplace la pierre. La technique de construction est particulière : les maisons sont construites par bandeaux de boue superposées, légèrement en ressaut pour palier au ruissellement : c'est le Zabur.
(photo ci-contre : maison de Saada)
Dans le Jawf, on utilise là aussi la terre crue en plaçant des linteaux de différentes couleurs autour de la porte d'entrée et des fenêtres.
(photo ci-contre : maison du Jawf)
Dans le Hadramaout, outre le Zabur, la principale technique utilisé est le Pisé, amalgame de boue et de paille avec une structure en bois. Shibam est le joyau de ce style de construction, avec ses fenêtres de bois sculpté et ses murs colorés.

         Maison de Shibam (Hadramaout)
Sur la Tihama, pas de maisons-tours, l'habitation traditionnelle est la hutte en paille et en terre (partie au nord de Zébid).
(photo ci-contre : village de la Tihama, région de Bayt el Faqi)
Zébid, sur la Tihama, fait exception. Son architecture en briques blanchies est unique et incomparable dans le pays.
(photo ci-contre : maison de Zébid)

Les célèbres maisons-tours, font la particularité des constructions yéménites.
Quelques soient les régions et les techniques utilisées, l'intérieur de ces maisons-tours se subdivise ainsi :
- rez-de-chaussée et premier étage : animaux, fourrage, outils
- premier niveau : espace féminin.
- second niveau : espace des hommes.
- tout en haut : le mafraj, salle des hommes et des invités. On y mâche le qat.
Les meubles n'existent pas. Les murs sont creusés de niches faisant office d'étagères. Des matelas et des accoudoirs sont disposés au sol comme siège.